La 5e édition du Forum national sur la gouvernance de l’internet du Cameroun s’est tenu du 28 au 30 juin 2017 dans la ville de Kribi.
Cet évènement organisé par l’Agence Nationale des Technologies de l’Information et de la Communication (ANTIC), sous le thème « Gouvernance de l’internet et réseaux sociaux », a vu la participation de PROTEGE QV, un membre d’APC présent dans ce pays. Protege QV, par la voix de son secrétaire général Avis Momeni, a été sélectionnée pour entretenir les participants au sujet des Enjeux et Perspectives des droits et libertés de l’internet au regard de la Déclaration Africaine des Droits et Libertés de l’internet. Avis Momeni s’est aussi appesanti sur et les coupures d’internet, un phénomène qui est assez récurrent dans plusieurs pays africains.
Soutenu dans cette action par leur partenaire Global Partners Digital, Protege QV à la fin de sa présentation a distribué sous forme de CD, des copies de la Déclaration Africaine des Droits et Libertés de l’internet.
APCNouvelles s’est entretenu avec Avis MOMENI qui nous a fait un compte rendu du déroulement de l’évènement.
APCNouvelles : Qu’est ce qui a motivé le choix de ce thème « Gouvernance de l’internet et réseaux sociaux » pour cette édition de votre IGF national ?
Avis Momeni (AM) : Le choix de ce thème n’a pas à mon sens été fait de manière collégiale dont multipartite, il me semble que l’organisateur principal ( l’ANTIC qui est un régulateur étatique ou sa tutelle qu’est le Ministère des postes et Télécommunication et des TICs, a choisi ce thème pour mettre en avant l’accent sur les devoirs et responsabilités des utilisateurs quant à l’utilisation des réseaux sociaux au regard de son utilisation malveillant qui en a été fait récemment dans les deux régions du nord-ouest et du sud-ouest du Cameroun., et qui a conduit le gouvernement à y suspendre l’internet.
APCNouvelles : Quel a été l’essence de la présentation de P QV concernant la DA ?
AM : La présentation a consisté à mettre l’accent sur les droits et libertés relatifs à l’internet au regard du document de la « Déclaration Africaine des Droits et Libertés de l’internet » conçu par la société civile africaine, auquel les participants sont appelés : à s’en approprier les principes et veiller à son applicabilité sur le territoire camerounais et d’autre part à sensibiliser les participants sur la nécessité pour la société civile camerounaise à se mobiliser pour demander à travers une lettre à adresser au chef du gouvernement à faire ratifier la résolution Africa – ACHPR/Res. 362(LIX) 2016, sur le droit à la liberté d’information et d’expression sur internet en Afrique, adoptée à Banjul en Gambie le 4 novembre 2016, pour permettre la prise en compte voire l’applicabilité de ces principes dans les formulations des politiques relatives à l’internet au Cameroun.
APCNouvelles : Le public était-il au courant de l’existence de cette DA ou elle a pris connaissance de cette DA à travers votre exposition ?
AM : Non, le public de la ville Kribi n’était pas informé sur l’existence de ce précieux document, d’où leur engouement à s’en procurer.
APCNouvelles : Quelles questions avez-vous reçues du public concernant cette présentation ?
AM : 1ère question : est-ce que ces principes se préoccupent de la prise en compte de l’aspect genre ?
2ème question : ce document a-t-il pris en compte les droits des personnes vivant en zone rurale pour leur accès à l’internet ?
3ème question : quel rôle ou stratégie la société civile de Kribi peut jouer pour se joindre à l’ensemble de la société civile camerounaise pour saisir le gouvernement à la ratification de la résolution qui a été prise à Banjul, Gambie en novembre 2016 ?
4ème question : les principes inscrits dans ce document sont-ils immuables ou évolutifs au regard de la mutation technologique du numérique ?
5ème question : A quand la révision de ce document, pour prendre en compte d’autres défis futurs.
APCNouvelles : Avant la présentation de PROTEGE QV, quelle était selon vous la perception camerounaise au sujet des droits et libertés de l’internet ?
AM : La perception camerounaise se manifeste beaucoup plus en termes de devoirs et responsabilités de l’utilisateur de l’internet, les droits et libertés ne sont pas suffisamment communiqués à l’utilisateur.
APCNouvelles : Votre exposition a-t-elle été suffisante pour imprégner le public de ces principes ? ou leur faire changer d’avis ?
AM : Avant mon exposition, les experts ont présenté les devoirs et responsabilités des utilisateurs camerounais des réseaux sociaux en termes des dispositifs législatifs et réglementaires ou de répression, mon exposé a rassuré et a été salué par les participants dont certains ignoraient qu’ils avaient des droits et des libertés sur internet.
APCNouvelles : Pensez-vous qu’il faille plusieurs expositions de ce genre pour que le public camerounais prenne connaissance de ces principes ?
AM : Absolument, car n’oublions pas que le système colonial en Afrique et notamment au Cameroun était plus répressif, les camerounais gardent encore malheureusement les séquelles de cette tendance répressive, et qui semble se perpétuer après les indépendances, et de ce fait ne s’appesanti pas trop à marteler sur les droits et libertés dont doivent jouir les utilisateurs de l’internet.
APCNouvelles : Pourquoi avez-vous jugé utile de parler des « coupures d’internet » lors de votre exposé ? qu’est-ce que ce sujet peut apporter de plus au public camerounais ?
AM : Les coupures d’internet prennent de l’ampleur en Afrique, et le Cameroun n’est pas en reste, à voir les coupures constatées du mois de décembre 2016 au mois d’avril 2017. C’est une préoccupation à la quelle Protege QV pense que seul une approche multipartite pourrait y apporter une solution, sinon pour des besoins de règlement politiques, le gouvernement actuel et celui à venir va y recourir facilement. Nous pensons que c’est à travers une approche de développement technologique préventive qui permettra au régulateur d’exercer efficacement en amont son rôle de gendarme sans avoir à recourir à la coupure d’internet, les conséquences en termes de privation des droits à liberté de communication, sur le système éducatif, sur la vie sociale, culturelle et économique sont dévastatrices.